Covid-19 – Confinement – Connais toi, toi même

découvrez 6 étapes pour transformer une crise (Coronavirus ou autre) en initiation personnelle (avec les apports du Chamanisme, du yoga ou du tantra)
Première étape : le retrait !
Deuxième étape : « connais toi toi-même… »
Troisième étape : face à face avec l’ombre.
Quatrième étape : la liminalité.
Cinquième étape : la voie.
Sixième étape : « … et tu connaîtras l’univers et les Dieux. »

 

Eric –Sunfox–Marchal , le 21 mars 2020 – les-forges-de-sylva.infosavitur-tantra.fr

Encore un article qui parle du Coronavirus ! Pourquoi ?

Les faits sont là, la réalité de la pandémie, des malades, des morts, des restrictions, du confinement. Rien à dire de plus sur ce sujet ! Ne rien ajouter non plus qui ajoute de la peur, à la peur ! « Primum non nocere » (premièrement ne pas nuire) comme l’ont appris les médecins et pharmaciens qui sont aujourd’hui en première ligne. Ne pas ajouter de fake news, de remèdes de charlatans, de théorie du complot de ceux qui savent mieux que tout le monde, au brouhaha assourdissant. Appliquer le rasoir d’Ockham pour éviter tous délires. Ne pas ajouter un journal de bord insignifiant du petit quotidien à la liste déjà longue, quand il ne s’agit pas d’un journal indécent du quotidien des privilégiés découvrant la vie dans leur villa secondaire avec une autre marque de café. Ne pas faire les comptes, pas encore, des inégalités préexistantes qui sont accentuées, engendrant de plus grandes inégalités encore, des efforts, des risques, des souffrances ou des sacrifices toujours exigés des mêmes… pas encore !

alors un article pour quoi faire ?

Et si, plutôt que de chercher les causes, voire les responsables et les coupables, plutôt que de décrire ce que « ça nous fait », nous cherchions ensemble « ce que l’on peut en faire » ?

Le problème en regardant un tel événement dramatique à l’aulne du grand nombre, des statistiques, des micro trottoirs et des réseaux sociaux, c’est que l’on érige en norme et en modèle la moyenne dépourvue de recul et emportée par son émotion, en un mot, la moyenne pathologique. De même que la médecine et la psychologie se sont construites en étudiant des corps malades et des esprits en souffrance, il existe d’autres chemins qui s’inscrivent dans l’observation et le déploiement possible d’une meilleure santé physique et psychologique, voir d’un développement, d’une expansion de l’être, sur les pas des plus avancés d’entre nous.

Jung n’a rien fait d’autre en s’écartant de Freud pour développer son « Processus d’Individuation », et les sociétés traditionnelles ont toujours eu des maîtres qui proposent un chemin de déploiement, un chemin initiatique.

Nous sommes devant un choix : qui allons nous suivre devant cet événements inévitable ? Les médias, le prêt à penser, les prophètes d’apocalypses, nos peurs et nos instincts grégaires qui nous invitent à allonger les files devant les magasins d’alimentation en France et devant les marchands d’armes aux Etats-Unis, ou bien, les sages, les bienfaiteurs, les philosophes et les maîtres, ceux qui ont quelques pas d’avance sur nous ?

Les faits sont là, bruts, incontestables, à ce jour plus de 10,000 cas confirmés en France, dont 1100 jugés graves et 400 personnes sont mortes. Cela va évoluer, empirer à n’en pas douter, et merci à tous ceux qui travaillent corps et âme pour que ces chiffres restent les plus bas possible. Sans vouloir minimiser le moins du monde la pandémie, je m’adresse principalement maintenant aux 99,99 % de la population qui ne sont concernés que par les mesures de restrictions et de confinements (hors les 1500 cas graves ou mortels pour 67 millions de Français). Ceux qui ont perdu un proche ou qui se battent pour leur survie sont confrontés à tout autre chose, et cet article est bien sûr dérisoire à leurs yeux. Mais pour 99,99 % d’entre nous il ne s’agit, pour l’instant, que de peur pour certains et de confinement pour tous.

Alors quoi ? Alors dans ce cas, nous traversons simplement une Crise. Et qu’est-ce qu’une Crise. Une Crise c’est un moment où l’ancien ne fonctionne plus, et où le nouveau n’est pas encore là. La crise de l’adolescence, où le mode de vie enfantin ne fonctionne plus, et où l’on ne peut pas encore être un adulte autonome et responsable en est un bon exemple.

A l’occasion de la pandémie – Crise planétaire s’il en est ! – nous sommes placés devant deux types de crises. Crise mondiale tout d’abord : sanitaire, manque de masques, capacité des états à répondre aux besoins, coordination internationale et/ou fermeture des frontières. Crise à notre échelle également, nos peurs et le confinement peuvent nous placer devant des crises individuelles. Crise au sein de notre couple, de notre famille, crise d’adolescence aiguë accentuée par la promiscuité avec les parents, crise de la quarantaine, crise de sens face à un travail auquel on a tout donné, crise existentielle devant le temps qui passe trop vite et les priorités jamais priorisées, remise en question de nos choix de vie, dépression, crise de la foi, crise ontologique. La pandémie ne manquera pas, pour bon nombre, d’agir comme un coup d’arrêt, un stop sur nos rythmes quotidiens fous, ce qui ne manquera pas de révéler l’ampleur de la Crise qui couvait et qui n’attendait que cette occasion pour surgir.

Nous sommes habitués en Occident à traiter ce genre de crise à coup d’antidépresseurs et d’antalgiques. C’est parfois utile, et merci à ces médecines d’exister quand c’est nécessaire. Mais ne passe t-on pas alors à coté de quelque chose ? De la possibilité d’apprendre de cette crise. Si la situation insupportable devient supportable, alors rien ne change. Par contre, si la douleur, la souffrance, le mal-être, le ras-le-bol, ne sont pas atténués mais regardés en face, alors ils nous obligent à changer, à inventer d’autres possibles, d’autres chemins, à nous ajuster. C’est sur ce modèle que sont construits les rites de passages et les initiations traditionnelles.

Généralement, les sociétés traditionnelles préparaient et forgeaient les humains en leur faisant traverser des processus initiatiques. Ceux qui n’étaient pas initiés n’étaient pas encore de vrais humains car n’ayant pas été mis dans les situations qui leur permettaient de développer les véritables qualités qui font un humain (et qui sont plus ou moins variable d’une société à l’autre) ! De ce point de vue on pourrait dire que nos sociétés actuelles sont emplies d’adulescents qui ne sont pas encore de vrais humains car ils n’ont pas été initiés. L’initiation permettant, et obligeant parfois, au travers d’épreuves, qui peuvent nous choquer, à sortir de l’insouciance de l’enfance, et enfin regarder le monde en face tel qu’il est, et non plus tel que l’on voudrait qu’il soit. Alors celui qui a passé les épreuves initiatiques peut trouver sa place, place qui à du sens au sein d’un ensemble plus vaste que lui, qui peut être successivement la tribu, la société, la Nature, l’Infini et le Grand Tout (auquel chacun donnera le nom qu’il souhaite).

Ici bien sûr il n’est nullement question d’un culte de l’épreuve, de la douleur et d’une éducation spartiate, mais de la possibilité d’être accompagné tout au long d’un processus qui transforme l’épreuve, la crise, en une occasion de développer de nouvelles compétences, de nouveaux paradigmes. J’aime l’idée de l’écluse qui permet au bateau de s’élever au fur et à mesure que monte le niveau de l’eau. On peut aussi reprendre l’image de Pierre-Yves Albrecht qui fait l’analogie entre un humain pas encore initié et une graine repliée sur elle-même. Juste un potentiel en devenir. Il va falloir une événement, une crise, un retournement, une métanoïa, pour que la graine germe, et donne tige, fleur, fruit, et s’accomplisse pleinement. Peut-être reprendre aussi l’image coutumière de la « Crise », en chrysalide, nécessaire à la chenille pour devenir papillon.

Nous avons la chance, en France, de ne pas avoir connu de Crise majeure nationale, guerre globale, famine, pandémie, …, depuis 75 ans. D’abord nous souvenir que c’est rare dans l’histoire de l’humanité, et se rendre compte de notre chance, et aussi remercier pour cela, car c’est le fruit du travail d’un grand nombre.

Puis, regarder combien ce que l’on croyait acquis est incertain. Nos sociétés modernes sont fragiles, notre civilisation peut être balayée en un rien de temps si la mutation d’un virus devient plus terrible encore. De même notre équilibre personnel, déjà précaire pour certains, dûment acquis pour d’autres, peut être remis en cause soudainement. Soulever le voile de l’illusion de notre invulnérabilité et de notre immuabilité éternelle, tant collectivement qu’individuellement, n’est pas toujours facile, mais peut être une belle étape pour avancer.

On sait depuis Ibn Khaldoun que les grandes civilisations sont inévitablement mortelles, qu’elles se succèdent en cycles, quand ceux qui construisent les merveilles d’une civilisations (sciences, arts, grandeurs d’âmes…) profitent de leurs positions, pour eux et leurs seuls descendants, et s’endorment sur des coussins dorés, perdant toute noblesse et toute solidarité. Ils sont alors chassés, lors d’une guerre, d’une crise, par des plus assoiffés qu’eux, des plus vivants, des plus cohérents, qui prendront leur place avant de tomber dans les mêmes travers… Ainsi de cycle en cycle. Dans « La machine à explorer le temps » , H. G. Wells nous décrit un futur lointain de la Terre peuplée en partie par les Éloïs. Ils sont présentés comme un peuple de privilégiés se prélassant dans sa bêtise décadente. Leurs privilèges ne les ayant préparés à rien, si ce n’est à l’oisiveté, en fait un peuple d’incapables égoïstes peu ragoutants. La crise actuelle, venant renforcer d’autres crises (économique, climatique, de la biodiversité, etc …) agit alors comme révélatrice des inégalités, des dysfonctionnements, des impasses de notre société, qui ne pourront se résoudre qu’en nous obligeant à sortir de l’apathie, et nous dépassant individuellement et collectivement.

Nous voyons qu’au niveau individuel, comme au niveau global, la crise provoquée par le coronavirus nous met face à un choix :

– soit atténuer le symptôme, laisser s’éteindre du mieux possible l’incendie, compter sur la médecine et le temps pour minimiser le nombre de décès, puis remettre un couvercle sur la marmite, les petits bouts de rustine devant tenir jusqu’à la prochaine crise, qui ne manquera pas d’arriver.

– soit prendre la mesure de ce qui n’est plus possible et se lancer dans un véritable processus de transformation.

Dans ce 2eme cas, nous avons la chance que les initiations traditionnelles tout autour de la terre, ainsi que la psychologie des profondeurs, nous aient laissé des modes d’emplois opératoires. Il est donc possible de « profiter » de cette crise pour se mettre en route et passer à l’étape suivante. Et si nous commencions par l’appliquer à nous-même en essayant de cheminer sur cette voie tracée par des plus éminents que nous. Peut-être un chemin possible, parmi d’autres, pour les jours qui nous attendent.

Première étape : le retrait !

Nous y voila obligés. Notre confinement est imposé par décret de loi, mais l’on peut se souvenir que depuis toujours, les sages ont eu leurs traversées du désert, leurs retraits sur la montagne ou dans des grottes. C’est le temps nécessaire pour se couper de l’agitation et de notre quotidien. Le stop qui va permettre l’arrêt, le recul et la remise en question de tout notre petit monde. Pour que cette première étape fonctionne, encore faut-il ne pas passer son temps sur les médias et réseaux sociaux.

Deuxième étape : « connais toi toi-même… ».

C’est le début de la stance inscrite au fronton du Temple de Delphes, et Socrate aussi nous invite, à partir du silence de la première étape, à faire ce travail d’introspection. C’est le moment où l’on commence à ne plus pouvoir nous identifier à notre fonction sociale, surtout si nous sommes confinés et ne pouvons plus exercer notre métier. Je ne suis pas mon métier, pas ma personnalité sociale, pas plus que uniquement le conjoint de…, la conjointe de…, le père de…, la mère de…, la fille de…, le fils de… C.G.Jung rapproche cette étape de celle de la désidentification d’avec notre Persona. Nous ne sommes pas non plus seulement notre corps, nos émotions ou nos pensées. Et si nous continuons à nous interroger de plus en plus profondément sur la question du « qui suis-je réellement ? », nous pourrons peut-être entendre comme en écho une réponse possible de Ramana Maharshi :« Qui pose cette question ? ».

Troisième étape : face à face avec l’ombre.

Si nous avons le courage d’aller plus loin, nous voilà inévitablement devant nos ombres, devant ce que nous ne voulions pas voir. Nous voilà devant ce qui manifestement empeste la putréfaction depuis longtemps et que nous refusions de sentir. Nous voilà tel Héraclès devant le travail de nettoyer les écuries d’Augias. Ne plus se raconter d’histoire c’est aussi entrer en Satya, le terme sanskrit qui nous invite à aller vers « Sat » (l’Être, le réel, la vérité profonde). Il ne s’agit pas ici de se juger, mais de porter simplement la lumière de la conscience.

Quatrième étape : la liminalité.

C’est le moment où nous sommes perdus, comme hors du temps. C’est l’espace temps nécessaire de la chrysalide. Plus dans l’ancien et pourtant pas encore dans le nouveau. C’est le moment de la vulnérabilité. Pour le futur chaman, c’est le moment de la maladie initiatique et de la proximité d’avec la mort.

Cinquième étape : la voie.

Dans « désolement » (désolation et isolement) et l’errance de l’étape liminale, quelque chose peut advenir qui ne dépend plus vraiment de l’individu. Dans une représentation indienne on parlerait du passage du 3ème au 4ème chakras. Au-delà des peurs de l’errance, une porte s’ouvre vers la voie du Coeur. Le yoga et la voie chevaleresque médiévale sont d’accord sur ce point, ce qui défini le guerrier dans sa posture (Virabhadrasana) c’est son ouverture du coeur à l’Amour.

Sixième étape : «  et tu connaîtras l’univers et les Dieux. »

L’inscription au seuil du Temple de Delphes se termine ainsi par une ouverture à un au-delà de soi-même. Celui qui est passé à travers toutes ces étapes, désormais transformé, initié, né deux fois, porte un regard différent sur lui même, les autres, la vie et le monde.

Ce chemin d’introspection et ces étapes d’évolution quasi alchimique peuvent permettre par la pratique personnelle, de nettoyer le terrain où pourra germer la graine, de creuser le sillon où l’eau s’écoule maintenant. C’est tout le travail de la Sadhana (pratique personnelle sur la voie spirituelle). On peut regarder ces étapes et les parcourir individuellement avant que d’imaginer tout une collectivité en marche en ce sens. Si nous sommes des milliers à accomplir chacun ce grand œuvre, alors les fleurs qui écloses ensemble à partir d’aujourd’hui ne seront pas les fruits de la peur et du repli sur soi, mais ne manquerons pas de donner un magnifique champ empli de connaissance, de bienveillance, de solidarité et de paix.

Que ces étapes nous soient des jalons, parmi d’autres, en ce temps de Crise. Cela aussi bien sur notre chemin personnel, que collectivement pour avancer et nous soutenir mutuellement, faire une humanité plus grande, sur une terre plus respectée.

Je relève pour finir, et en jouer simplement, la proximité sonore entre le mot « Coronavirus » et le mot « Coronal ». Puissions-nous à l’occasion de ce terrible face à face avec le Coronavirus, individuellement et collectivement, activer un peu plus notre chakra Coronal (Sahasrara) qui est notre ouverture à la connaissance de soi, à la sagesse, à l’altruisme, à la conscience du Soi, de l’âme, à la connexion à ce qui nous dépasse et au divin.