L’Initiation, les Mystères et Rites de Passage… toute une histoire

1) Savoir ou Connaissance ?
2) l’initiation qu’est-ce que c’est ?
3) premier secret : la structure de l’initiation
4. Deuxième secret : les mots et les modes de l’Initiation
5. De façon opérative et efficiente, pour nous, aujourd’hui

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Couverture et Vignette d’après une illustration de : Lazare Cohm

L’Initiation, les Mystères et Rites de Passage… toute une histoire

depuis mon lieu de vie, dans le parc naturel du Morvan, j’ai la chance d’apercevoir, au loin, le Mont Beuvray.

Au Ier siècle av. J.-C sur ce mont était située la capitale du peuple celte : Bibracte.
… et … je n’ai pas été surpris d’apprendre que c’était un lieu où était pratiqués des « Cultes à Mystères ! »

Quand je dis « culte à Mystères », vous pensez peut-être aux

Mystères d’Éleusis

– au culte de Mithra,

– au culte d’Isis,

et à bien d’autres noms ésotériques, exotiques, antiques, et qui laissent rêveurs….

et vous avez bien raison !

le mot « mystère » qui vient de « mustếria » (en grec) signifie « secret », « chose secrète »…. donc évidement on ne sait pas grand-chose de ces cultes, car les secrets ont été bien gardés à travers les siècles…. Mais l’on sait quand même que ces cultes à Mystères étaient surtout l’occasion de pratiquer des rituels initiatiques

=> et bien … , dans cette vidéo je vais vous révéler 2 secrets sur l’initiation telle qu’elle a pu être pratiquée dans ces Cultes à Mystères… c’est parti

1) Savoir ou Connaissance ?

Avant tout, il convient de faire ici une distinction entre ce que l’on entend par les mots « savoir » et « connaissance » .
ici, je ne vais pas vous transmettre un savoir au sens universitaire… mais plutôt une « connaissance »… j’aime beaucoup la façon dont Patrick Burensteinas, avec la subtilité de ce qu’il appelle « la langue des oiseaux », fait la distinction. Dans cette vidéo il ne s’agira pas de « SAVOIR » au sens de « VOIR ÇA » = « VOIR CELA »… car si St Thomas nous a dit qu’il ne croyait que ce qu’il voyait, l’hypnose et les neurosciences nous ont montré que l’on ne voit que ce que l’on croit… Et cela est antinomique avec l’idée même d’INITIATION … et il ne s’agit pas pour nous aujourd’hui de garder des œillères, fussent-elles académiques…

Mais il s’agira de « CONNAISSANCE » , au sens de « CO-NAISSANCE » , «NAITRE AVEC »… ce qui est plus en adéquation avec l’idée de ce qu’est une INITIATION

2) l’initiation qu’est-ce que c’est ?

– L’initiation est un PROCESSUS !
C’est un Processus au cours duquel un novice, lors d’une cérémonie, d’un rite de passage ou d’une épreuve, va pouvoir accéder au nouveau statut d’ « INITIÉ ».

On peut lors d’une initiation changer de statut dans la société, devenir adulte par exemple, ou accéder à des sociétés secrètes qui nous étaient interdites jusque-là, ou à des métiers/des corporations qui requièrent une initiation, … ou encore, accéder aux mystères du sacré … et dit-on … pour certaines initiations, à des pouvoirs surnaturels…


Chez les peuples premiers, comme dans les sociétés antiques et dans de nombreuses traditions, la société est grandement structurée autour de ces Initiations.

Car, il y a deux sortes de personnes …

… les enfants et les adultes

… les moldus et les sorciers

… les non initiés et les initiés
… les « pas encore vraiment humains », et les initiés qui sont alors, et alors seulement, « véritablement humains »

Je n’ose imaginer ce que pourrait être une société ou une culture toute entière qui ce serait privée de ses initiations… une sorte de non sens, ou d’éternels adulescents erreraient d’occupations futiles en plaisirs hédonistes compulsifs, de consommations boulimiques en réassurances égotiques infantiles, de loisirs idiots en remplissage de temps de cerveau disponible….

Je n’ose imaginer !!!

et là je me souviens que Pierre-Yves Albrecht nous rappelle: « Nous sommes la seule civilisation à n’avoir aucune initiation »

L’initiation peut aussi survenir presque naturellement au cours de l’existence lors d’épreuves ou d’accidents de la vie…. Il y a là un espace fragile et dangereux qui fait que celui qui vit l’expérience va basculer soit du côté du « Trauma », soit du côté de l’Initiation…

Le « principe d’Hormèse» tel que formulé par Paracelse nedit pas autre chose : « c’est la dose qui fait le poison »


Et l’idée même de «  Résilience », chère à Boris Cyrulnik, ajoute que ce qui fait passer du côté du Trauma ou de l’Expérience Initiatique qui va nous faire grandir, serait rendu possible, en grande partie, par la structuration précoce de la personnalité selon des schémas précis.

Dans tous les cas « l’Initiation » implique une mise en mouvement, une transformation, une métamorphose. Elle peut permettre de passer d’un état à un autre et il n’y a pas de retour en arrière possible. C’est bien un processus symbolique et pragmatique de mort et renaissance.

Il y a un avant et un après l’Initiation.

Et les anciens savaient que « tout ce à quoi l’on s’identifie », « tout ce que l’on croit être » avant l’initiation, sent bien le changement arriver. Tout ce qui doit « Mourir » va disparaître sous cette forme, … et donc résiste de toutes ses forces !!!!
Qui dira l’angoisse de la chenille qui a peur de disparaître dans la chrysalide, sans savoir qu’à la fin de sa transformation initiatique elle sera papillon ?

Et tant que tu n’as pas compris

Ce : **meurs et deviens !**

Tu n’es qu’un hôte obscur

Sur la terre ténébreuse.

3) premier secret : la structure de l’initiation

Alors il est temps de révéler un premier secret de l’initiation :

Oui, dans les sociétés initiatiques on sait combien le passage initiatique est important, nécessaire, prépondérant, essentiel !!!

Seuls les initiés peuvent savoir cela ! Et, par empathie, ils ont immanquablement eut envie d’offrir et partager le trésor de l’initiation aux novices…

Mais pour avoir vécu l’expérience, ils savent aussi combien ce passage est difficile, combien il est risqué et combien s’échafaudent automatiquement chez le non initié 1000 stratégies d’évitement, allant de la peur au dénigrement en passant par l’excuse ou l’attachement à ce qui n’est plus, voire à la stagnation jusqu’à l’identification dans la zone intermédiaire, liminale et dépressive.

Alors à la façon d’une science empirique, chaque société initiatique a peaufiné, d’initiateurs en initiateurs, de génération en génération, la structure de son initiation.

Là est le premier secret : l’initiation à une structure !

Et la bonne nouvelle pour nous, c’est que cette structure nous est connue ! Nous avons la chance aujourd’hui, de part la connaissance que nous avons d’une multitude de rites de passages, de sociétés traditionnelles, de rituels initiatiques… d’avoir repéré, au-delà des vernis culturels, l’essence de cette structure initiatique.

Pour être plus précis, chaque tradition initiatique suit une structure bien définie… si plus personne ne sait pourquoi on suit cette structure, cela s’appelle un dogme, et je crois qu’il vaut mieux fuir… Si l’intérêt personnel ou la sauvegarde du système a remplacé l’empathie comme moteur de l’initiation il ne s’agit que de corporatisme ou de folklore et non plus d’initiation au sens existentiel.

Mais dans différents champs d’études comparées, nous avons pu extraire la substantifique moelle de ce qui sous-tend un processus initiatique efficient et réussi.

Je vais me contenter dans cette vidéo de donner 3 exemples :

les Rites de Passagcomme on les connaît partout sur terre semblent prendre 1000 formes toujours renouvelées et bien singulières. Depuis les travaux de l’ethnologue Arnold van Gennep, on sait qu’ils sont constitués de 3 étapes consécutives :

  • D’abord il va falloir soustraire le novice à son quotidien, à son ancien monde, l’isoler du groupe auquel il appartient. C’est la séparation et la Mort Symbolique à tout ce qu’il croyait être et auprès de tout ce à quoi il croyait appartenir dans son ancienne représentation du monde et de lui-même.
  • Alors il entre dans un non-espace-temps, entre ce qu’il n’est plus et ce qu’il n’est pas encore, c’est la phase liminale, la marge. C’est dans cet espace apparemment et volontairement flou, insécure et mouvant que doivent avoir lieu les éléments principaux des rituels initiatiques qui permettent le passage.
  • Enfin, il est temps pour celui qui est devenu un initié de revenir dans le groupe, différent qu’il est maintenant, comme après une renaissance, pour y être accueilli et reconnu « autre », à une place et pour une vie toute autre. C’est l’agrégation.

J’attire votre attention sur le fait que les 3 exemples de structures que j’utilise dans ma vidéo ne sont pas des « inventions » sorties des esprits géniaux de Van Gennep, de Campbell ou de Jung comme de nouvelles recettes de cuisines. Mais qu’ils en sont les « découvreurs », au même titre que l’on découvre un jour, à force de travail, une nouvelle étoile jusque-là inconnue, ou une nouvelle loi de la nature, mais qui était pré-existante et efficiente bien avant et indépendamment de sa découverte.

– Je prends donc comme deuxième exemple de structure de l’initiation le monomythe de Joseph Campbell : ces études comparées des religions, mythes, légendes et contes du monde entier, à de nombreuses époques, lui permette de révéler un schéma narratif unique, qui semble lui-même lié aux structures de la psyché humaine. Ainsi son «voyage du héros » passe par des étapes repérées qui vont permettre de poursuivre la quête afin qu’elle devienne initiatique. Campbell donne à voir un chemin balisé pour ceux qui sont projetés dans l’aventure…

– Enfin, penchons nous un instant sur le Concept d’Individuation chez Carl Gustav Jung :

« J’emploie l’expression d’individuation pour désigner le processus par lequel un être devient un in-dividu psychologique, c’est-à-dire une unité autonome et indivisible, une totalité »
Encore une fois il s’agit d’un processus découvert et détaillé qui permet de passer d’un état primaire de moindre conscience à une conscience plus vaste, d’un
Moi aux multiples facettes éparses et fallacieuses ; d’un agrégat de « faux self » dirait peut-être Winnicott, à un Soi, que Jung a pu emprunter au concept indien d’Atman. Passer d’une identification à des sous parties, pas toujours en harmonie entre elles, à un déploiement plus total de l’Etreté.

Je ne vais pas détailler davantage ces 3 structurations possibles, parmi d’autres, du processus initiatique ; juste souligner encore qu’elles se répondent et se juxtaposent parfaitement, comme si trois artistes avaient peint la même nature du même coucher de soleil au même endroit, … chacun dans son style particulier…

Cependant, les cartes que représentent toutes ces structures ne sont pas le territoire.
Il reste encore à parcourir ce territoire !

4. Deuxième secret : les mots et les modes de l’Initiation

Comprendre intellectuellement les structures des processus initiatiques ne fait pas de nous des initiés ! Il faut vivre l’expérience, la traverser, dans sa chair, s’y laisser transformer en profondeur, mourir à l’ancien pour y renaître au nouveau.

Si la compréhension intellectuelle ne nous est pas d’une grande aide ici, on comprendra que le mode informatif n’est pas non plus le plus adéquat.

C’est pour cela qu’à toutes les questions que pose le novice avant son initiation, dans le Bwiti au Gabon, on répond inlassablement « mange le bois d’abord » (ce qui veut dire : « fais en toi même l’expérience, nous verrons ensuite ce qu’il en est de tes questions »)

C’est pour cela que l’initiation se fait dans des sociétés secrètes, avec des cultes à Mystères. L’explication intellectuelle ou le reportage de télévision réalisé par un non initié, extérieur, n’a aucun sens… et peut même s’avérer contre productif, faire de nous des « sachant » c.a.d « des vieux cons »

Ce n’est pas qu’il y a des choses incroyables, ou horribles à cacher. C’est juste que cela dépasse forcement l’entendement du non initié ! (rappelons nous l’image de la chenille et du papillon), c’est le sens et l’étymologie du mot «ésotérique » (du grec ancien « esôteros », « intérieur ») qui est l’ensemble des enseignements secrets réservés à des initiés).

Cette question du langage qui permet la transformation est aussi au cœur d’une discipline comme l’Hypnose, Eriksonienne ou médicale. La base de l’hypnose est une dissociation, un état liminal, où l’on court-circuite la représentation habituelle du monde, ainsi que la part la plus consciente et rationnelle de la personne, pour induire directement des changements possibles au niveau inconscient. Tout bon hypnothérapeute sait qu’il faut se méfier des rationalisations du patient qui voudra tout comprendre, risquant ainsi d’empêcher le processus de reprogrammation et de transformation plus profond pourtant souhaité.

Le langage qui s’adresse directement à l’inconscient semble plus près du réel et des archétypes que les langages de notre mental et de notre égo, ces derniers se liguant bien souvent pour perdurer en l’état…

Les anciens ne s’y sont pas trompés en recourant aux grands mythes, aux légendes, aux contes, à la poésie, aux paraboles, aux images, aux allégories, aux koans, qui sont comme autant de graines plantées profondément en nous pour nous aider à intégrer les structures que nous avons déjà évoquées et sur lesquelles nous pouvons nous appuyer pour vivre une initiation.

Ce deuxième secret dévoilé dans cette vidéo est aussi une bonne nouvelle. Il existe des formes de langage adaptées à l’initiation. Et nous les connaissons déjà.

5. De façon opérative et efficiente, pour nous, aujourd’hui

Alors, pourquoi je vous raconte tout cela, s’il ne s’agit pas d’informer votre mental ?

On sait maintenant que si la structure initiatique est bien construite, le novice n’aura pas besoin de la connaître ni de la comprendre. Il n’aura qu’à se laisser porter par elle, ou lutter avec elle, selon… développant ainsi les nouvelles compétences et … se transformant.

Encore faut-il qu’une telle structure initiatique existe et donc que quelqu’un l’ai mis en place !

Elle est comme un échafaudage. Elle est nécessaire à l’élévation de l’œuvre. Mais une fois l’œuvre réalisée, on peut l’enlever et tout paraît simple, comme si cela c’était réalisé naturellement.

C’est là tout l’art de l’accompagnement : de proposer les structures, le langage et la présence nécessaire au processus de transformation. Une fois l’initiation réalisée, la transformation et la révélation complète, plus besoin des éléments de construction qui ont été à l’œuvre. On ne voit plus que l’aboutissement du processus chez la personne. Cela parait comme une évidence, simple, juste et beau. On pourrait presque croire que cela s’est élevé tout seul.

Quelle joie après avoir moi-même traversé de nombreuses initiations, de pouvoir, en connaissance de cause, proposer de tels processus pour les autres.

Quelle joie, à la connaissance de ces processus, de construire des structures, des échafaudages, les plus adaptés possible, à notre société, en fonction des besoins des personnes qui viennent à moi, et en fonction des connaissances des lois onthologiques qui structurent la psyché humaine.

Dans mon dernier Roman Initiatique : « de toute attente, choisir la vie » – l’initiation de Clarice Rahm – j’ai pris grand soin et grand plaisir à suivre à la fois la structure des Rites de Passage chamanique, mais aussi les étapes du Monomythe et du Processus d’Individuation que j’ai déjà évoqués.

Le lecteur, comme le patient ou le stagiaire, n’a même pas besoin de savoir tout cela… Chacun son job !

.. à la simple lecture de ce roman, accessible à chacun et plaisant, peuvent s’activer des processus secrets d’initiations. Le lecteur sème alors en lui les graines de son prochain passage initiatique de façon quasi inconsciente, ou à coup de prises de consciences successives.

Pour ma part, depuis 30 ans que je me passionne pour ces processus, d’abord comme éducateur, puis comme accompagnateur, j’en suis devenu un spécialiste opérationnel. Et je me réjouis de partager aujourd’hui le fruit de mes années d’initiations personnelles et de mes pratiques, au service du changement et de l’initiation de mes prochains. Cela prend parfois la forme d’un roman ou celle d’autres propositions ; stages, cérémonies, formations, accompagnement individuel.

Je dis cela en toute modestie, car les processus sur lesquels je m’appuie, et qui m’évite de faire n’importe quoi, de faire des propositions construites sur du sable, ont été découverts et validés par d’autres, par des plus grands que moi, affinés de génération en génération, dans différentes traditions (chamanisme, yoga et tantra pour ma part), et jusqu’aux chercheurs les plus contemporains, encore et encore…

Qu’ils soient tous ici remerciés !


– bonne lecture, bonne pratique, bonne mort et renaissance, bonne initiation !

Eric (Sunfox) Marchal – sept 2022


Niok l’éléphant : https://archive.org/details/associate-yvonne-wang_archive_Niok (Edmond Séchan, sorti en 1957)
https://jeanclaudegolvin.com/bibracte-mont-beuvray/
https://commons.wikimedia.org/wiki/File:NAMA_Myst%C3%A8res_d%27Eleusis.jpg#/media/Fichier:NAMA_Mystères_d’Eleusis.jpg
https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Capua_Mitreo_22.JPG#/media/Fichier:Capua_Mitreo_22.JPG
https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Isiac_water_ceremony.jpg#/media/Fichier:Isiac_water_ceremony.jpg
le bon la brute et le truand – extrait
Koyaanisqatsi – extrait
Pierre Yves Albrecht : http://pierreyvesalbrecht.com/
Goethe extrait de Selige Sehnsucht / Bienheureuse nostalgie
https://archive.org/details/oanatureshandiwork
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