Psychédéliques & Plantes Enthéogènes en France. Avancées, dérives, hold-up ?Plantes Sacrées en Danger ?
Psychédéliques & Plantes Enthéogènes en France.
Avancées, dérives, hold-up ?
Plantes Sacrées en Danger ?
Bon, après 25 ans caché dans mon terrier, il est temps de parler un peu de tout ça… Que tu sois passionné, curieux ou peut-être même sceptique ! Tu sais sûrement que nous vivons un véritable bouillonnement qui agite le monde des psychédéliques et des plantes enthéogènes dans le monde en ce moment. Ça bouge de tous les côtés, et même en France, avec quand même au moins 10 ans de retard. J’ai maintenant près de 30 ans d’expériences à explorer, et accompagner, différents états de conscience, et en particulier les états de conscience élargis, élargis en particulier grâce au chamanisme, à l’hypnose, à la psychologie des profondeurs, au tantra, au yoga ou à la méditation. Et puisque le monde change, et que, sans prétention je suis un spécialiste, parmi d’autres, de ces questions, il est temps de sortir du bois… je suis donc ravi de partager avec toi ces quelques réflexions dans ce paysage fascinant et en pleine effervescence qu’est celui des psychédéliques et des enthéogènes, en France, en ce moment. Je te propose donc de plonger avec moi dans ce sujet qui a bien plus à offrir qu’il n’y paraît, d’abord avec un rapide état des lieux et surtout, dans la 2ème partie, en dégageant des pistes de réflexions pour l’avenir… Puisais-je avoir pour ce tour d’horizon et perspectives, la capacité de dépoussiérer quelques idées reçues avec la rigueur du scientifique et la malice de l’initié !
1) Psychédéliques, Enthéogènes : De Quoi Diable Parle-t-On ?
Deux définitions rapides pour que l’on sache de quoi on parle :
– Psychédélique : Vient du grec psychē (âme, esprit) et dēloun (manifester, rendre visible). Littéralement, ce qui « manifeste l’âme». Imagine que ton esprit est comme un grenier un peu poussiéreux où tu n’oses plus mettre les pieds. Le psychédélique, c’est la clé qui ouvre la porte, allume la lumière et te dit : « Alors, on fait le tri et on découvre les trésors cachés ? ». C’est un révélateur de notre propre paysage intérieur, en grande partie inconscient.
– Enthéogène : Du grec en (dedans), theos (dieu) et genesthai (engendrer, générer). Donc, ce qui « génère le divin à l’intérieur » ou plus sûrement ce qui « re-génère notre connexion possible au Divin ». Si le psychédélique nous ouvre la porte d’endroits inconnus, l’enthéogène, c’est la boussole qui, dans ce lieu, dans ce grenier, pointe vers une direction, une étoile, une lumière qui nous dépasse. C’est l’expérience de connexion à quelque chose de plus vaste, une étincelle du sacré, du numineux (comme l’exprime Rudolf Otto ou Jung).
– Quelles plantes : Du coup, les plantes qui ont ces propriétés, auxquelles je fais allusion dans cette vidéo, dans ce podcast, peuvent être : Les champignons à Psilocybine, les Cactus à Mescaline, l’Ayahuasca et autres plantes à DMT, l’iboga, la Salvia Divinorum, les plantes qui contiennent du LSA («équivalent naturel du LSD »)… et bien d’autres…
2) Tu parles des drogues ? Vraiment ? Parlons Sérieusement !
La question qui fâche ! La loi française, notamment l’arrêté du 22 février 1990 (modifié en 2005) fixe la liste des substances classées comme stupéfiants (article L. 5132-7 et annexe IV du Code de la santé publique). Elle range encore les psychédéliques et les enthéogènes au rayon des « stupéfiants ». Ce qui entraîne, bien sûr, l’illégalité de leur possession et de leur usage.
Du coup, je fais ce petit disclaimer, cette petite galipette juridique : dans cette vidéo, je ne fais aucune promotion de ces substances et n’invite personne à en consommer ou à enfreindre la loi. Voilà, c’est dit. Maintenant, entre nous, cette classification, c’est un peu comme ranger un livre de philosophie au rayon « histoire de fantômes pour faire peur aux enfants ». Ça ne colle pas, ça ne colle plus. Et je vais t’expliquer pourquoi en reprenant simplement cinq points essentiels (parmi des dizaines) :
– Pas d’addiction ! Contrairement aux substances addictives connues (opioïdes, stimulants, alcool, nicotine), les psychédéliques et enthéogènes n’entraînent pas de dépendance physique ni de comportements compulsifs. Une tolérance se développe même très rapidement, rendant une consommation fréquente et rapprochée peu attrayante voire inefficace. De plus les séances sont souvent très exigeantes (vomissement, bouleversement psychologique, fatigue…), et on ne peut que difficilement les associer à une consommation ludique ou festive. Demandes à n’importe quel usager régulier de café s’il peut s’en passer aussi facilement qu’un psychonaute peut espacer ses explorations !
Toutes les sources, en lien, dans la description
– Source : De nombreuses études pharmacologiques, par exemple celles menées par le National Institute on Drug Abuse (NIDA) aux États-Unis, confirment l’absence de potentiel addictif des psychédéliques sérotoninergiques. Voir par exemple : Nichols, D. E. (2016). Psychedelics. Pharmacological reviews, 68(2), 264-355.
– Pas ou peu de Toxicité… et beaucoup de Bénéfices ! Physiquement, aux doses classiquement utilisées, ces substances sont remarquablement peu toxiques pour l’organisme. Rien de comparable avec l’alcool qui s’attaque au foie et aux cigarettes qui provoquent les cancers des poumons que l’on sait. Psychologiquement, si une expérience peut être intense, voire déstabilisante sans préparation adéquate (ce qu’on va qualifié de « bad trip »), elle n’entraîne pas de séquelles psychologiques durables chez des sujets sains et bien préparés. Au contraire, les bénéfices potentiels en termes de bien-être, de résolution de traumas, ou d’ouverture d’esprit sont de plus en plus documentés. Pour celui qui s’adonne à cet « art » (car oui, une consommation éclairée de psychédéliques ou enthéogènes, est un art, l’art du voyage psychédélique)… pour celui qui s’adonne à cet art, les fruits peuvent être considérables. On va y revenir plus tard…
– Source : Gable, R. S. (2004). Comparison of acute lethal toxicity of commonly abused psychoactive substances. Addiction, 99(6), 686-696. Ce papier compare la toxicité aiguë de diverses substances et les psychédéliques y figurent parmi les moins dangereux. https://en.m.wikipedia.org/wiki/File:Drug_danger_and_dependence.svg
– Un danger pour la société ou une cure de jouvence ? L’agressivité, les passages à l’acte violent, la désocialisation, l’explosion des cellules familiales, la déréalisation, la marginalisation… ne sont pas les effets secondaires rencontrés avec ces plantes, contrairement aux véritables drogues. Au contraire, de nombreuses études et témoignages pointent vers une augmentation de l’empathie, de la connexion aux autres et à la nature, ainsi qu’une réduction de l’égocentrisme, une meilleure réalisation de soi, une meilleure reliance.
– Source : Forstmann, M., & Sagioglou, C. (2017). Lifetime experience with (classic) psychedelics: A strong predictor of pro-environmental behavior and an open-minded liberal political attitude. Journal of Psychopharmacology, 31(S1), A91-A91.
– Dans ce domaine, il y a une étude qui a fait date et qui est souvent citée. Elle est résumée dans le fameux graphique de Nutt et al (non pas « Nutella, Nutt et al, veux dire Nutt et son équipe). En 2010 donc, le Professeur David Nutt, et son équipe, ont publié une étude comparant la dangerosité de diverses substances, pour l’individu et pour la société. Devinez quoi ? La psilocybine, le LSD et l’ecstasy se retrouvent tout en bas de l’échelle, loin, très loin derrière l’alcool (le grand champion toutes catégories des dégâts) et le tabac. Des dizaines de fois moins dangereux ! On voit dans ce graphique que les champignons magiques à Psilocybines sont tout en bas et n’ont aucun effet dangereux ! Ils sont très proches de la Mdma (communément apparentée à l’ecstasy) et du LSD, qui sont, eux aussi, tout en bas de l’échelle des risques sans communes mesures avec nos cigarettes et alcool, en vente libre et tellement consommées et appréciées dans notre société.
C’est l’occasion de faire ici 2 ou 3 petites remarques.
– Peu de plantes sont citées dans cette étude et dans d’autres, car les études en laboratoire se focalisent sur les molécules chimiques.
– Cependant le LSD est reconnu comme une molécule particulièrement intéressante en tant que psychédélique fondamentale. (Stalisav Grof l’appelle «le microscope de l’âme »). Et n’oublions pas que c’est un dérivé synthétique de l’Ergot de Seigle qui lui est naturel.
– La Mdma quand à elle est classée souvent plutôt comme empathogène (qui génère de l’empathie) plutôt que comme psychédélique ou enthéogène, mais les frontières sont floues. La Mdma fait partie de la grande famille des « Phényléthylamine », synthétisée à partir de notre compréhension des principes actifs de la mescaline contenus dans les cactus tel que le Peyotl ou le San Pedro.
– Source : Nutt, D. J., King, L. A., & Phillips, L. D. (2010). Drug harms in the UK: a multicriteria decision analysis. The Lancet, 376(9752), 1558-1565.
– https://en.m.wikipedia.org/wiki/File:HarmCausedByDrugsTable.svg
– https://www.ias.org.uk/uploads/pdf/News stories/dnutt-lancet-011110.pdf
– En 2018, la Food and Drug Administration (FDA) des États-Unis a accordé la désignation de thérapie innovante, à la psilocybine. Elle pense que la psilocybine peut jouer un rôle important pour le traitement de la dépression résistante et du trouble dépressif majeur. C’est une reconnaissance majeure de son potentiel, malgré le carcan légal dans lequel les « champignons magiques » restent enfermés. C’est donc l’aveu qu’une plante « interdite » est en fait un remède prometteur !
Conclusion : Maintenir ces plantes dans la catégorie des « drogues » au même titre que l’héroïne ou le crack ? C’est, au mieux de l’ignorance, au pire, un abus de pouvoir qui prive l’humanité d’outils précieux. Stanislav Grof, encore lui, dit que nous sommes resté 40 ans « bloqué par une législation irrationnelle et ignorante »
3) L’Humanité et Ces Plantes : Une Très Longue Histoire d’Amour (et de Connaissance)
Pour bien comprendre qu’il ne s’agit pas d’une mode californienne passagère, un rapide détour sur l’histoire de l’usage de ces plantes dans l’humanité s’impose :
– La Théorie du « Singe Enivré » (ou plutôt « Singe Psychonaute ») : L’ethnobotaniste et philosophe Terence McKenna, dans son ouvrage Food of the Gods (1992), est le premier à avoir émis l’hypothèse audacieuse que la consommation de champignons à psilocybine par nos ancêtres hominidés aurait pu catalyser l’émergence de la conscience, du langage et des capacités cognitives complexes. Jouant alors un peu le même rôle que le monolithe noir dans 2001, l’Odyssée de l’Espace. Les homnidés à son contact, par sa simple présence, sont propulsé dans une nouvelle étape évolutive, vers la pensée symbolique, la capacité d’abstraction et donc l’invention de l’outil.
– Source : McKenna, T. (1992). Food of the Gods: The Search for the Original Tree of Knowledge A Radical History of Plants, Drugs, and Human Evolution. Bantam Books.
– Dans la Bible, il y a des épisodes troublant également, comme celui du Buisson Ardent où Dieu parle à Moïse à travers un Buisson en Feu qui ne se consume pas…, il y a aussi beaucoup d’autres «visions », comme celles d’Ézéchiel (le char divin), de Jacob (l’échelle) ou l’apocalypse de Jean qui ont été interprétés par certains comme potentiellement liés à des états modifiés de conscience induits (ou pas) par des plantes.
– De même, il y a cette histoire qui concerne John Marco Allegro. Il était un des principaux scientifique en charge d’analyser et traduire les Manuscrits de la Mer Morte, trouvé en 1947 sur le site de Qumrân et qui sont des sortes d’évangiles, perdu puis retrouvés. Son analyse l’a amené à avancer que le christianisme primitif était un culte à mystères centré lui aussi sur sur l’Amanita muscaria, Jésus et ses disciples étant des initiés. Une thèse qui a fait couler beaucoup d’encre et lui a coûté sa carrière académique, quand il à publié en 1970 Le Champignon sacré et la Croix.
– Des Textes Sacrés aux Révélations Mystiques : « Les Vedas, ces textes fondateurs de l’hindouisme parmi les plus anciens de l’humanité (5 000 ans), sont truffés d’hymnes au Soma (ou Amrita), cette boisson divine qui confère l’immortalité et la connaissance aux dieux et aux Brahmanes. De nombreux chercheurs, comme R. Gordon Wasson, suggèrent que le Soma originel était une préparation à base d’Amanita muscaria (le bien connu amanite tue-mouche) ou de champignons à psilocybine, d’autres évoquent des mélanges contenant aussi de la Datura… Quoi qu’il en soit, les Rishis, ces brahmans inspirés qui qui ont consigné le savoir fantastiques des Vedas disent l’avoir reçu grace à cette boisson divine. De la même façon qu’en Amazonie les chamans traditionnels expliquent que la recette de la boisson ayahuasca, statistiquement impossible à trouver par hasard, leur à été souflé par l’esprit de la plante lui même.
– Source : Wasson, R. G. (1968). Soma: Divine Mushroom of Immortality. Harcourt Brace Jovanovich.
– Source : Allegro, J. M. (1970). The Sacred Mushroom and the Cross. Hodder & Stoughton.
– Les Cultes à Mystères : Éleusis, le Secret le Mieux Gardé de l’Antiquité
Pendant près de 2000 ans, les Mystères d’Éleusis, près d’Athènes, ont été le centre spirituel du monde antique. Des milliers d’initiés, de Platon à Marc Aurèle, en passant par Aristote y participaient à des rituels secrets, offrant une vision de l’au-delà et abolissant la peur de la mort. L’élément central ce ces cultes était la consommation du Kykeon, une boisson dont la composition reste débattue. Des figures comme Albert Hofmann (le découvreur du LSD), R. Gordon Wasson
(encore lui) ont avancé l’hypothèse que le Kykeon contenait de l’ergot de seigle (dont est dérivé le LSD) ou d’autres plantes psychoactives, induisant une expérience visionnaire profonde. C’est tout notre rapport à la civilisation greco-romaine qui est ainsi mit en perspective.
– Source : Wasson, R. G., Hofmann, A., & Ruck, C. A. P. (1978). The Road to Eleusis: Unveiling the Secret of the Mysteries. Harcourt Brace Jovanovich.
– Métacognition, Créativité … et Chute :
De nombreux artistes et chercheurs ont puisé l’inspiration dans des états modifiés de conscience, pas toujours bien contrôlés. Si l’absinthe a eu son heure de gloire, d’autres substances ont joué un rôle plus direct. – Baudelaire, Rimbaud, Michaux, Artaud et les poètes du Grand Jeu, ont vu leur créativité démultipliée par certaines plantes, mais dans leurs expérimentations sans cadre ils ont pu se brûler les ailes comme beaucoup d’artistes de la contre-culture des années 60-70 aux États-Unis. Je reviendrai sur l’importance du cadre un peu plus tard…
– Francis Crick, biologiste britannique visionnaire, affirme que sa découverte de la structure de double hélice de l’ADN, lui est apparue grâce à l’usage de LSD. On est très proche de l’expérience de Jérémy Narby qui fait le lien entre l’adn et le serpent centralement présent dans les initiations à l’ayahuasca
– Les années 60 et 70, avec des figures comme Timothy Leary ancien professeur de Psychologie à Harvard, ont vu une explosion de l’usage des psychédéliques, moteur d’une véritable contre-culture. Son slogan « Turn on, tune in, drop out », était une véritable invitation à une exploration personnelle et spirituelle en dehors des normes sociales. Cette effervescence, perçue comme une menace par l’establishment, a conduit à la prohibition généralisée sous l’impulsion du président Nixon (en pleine guerre du Vietnam), stoppant net, et pour une longue durée, tout un pan de recherches prometteuses. Un véritable gâchis scientifique et culturel.
Conclusion : l’exploration et l’utilisation judicieuse de ces plantes par les humains ne datent pas d’hier, et ce, à travers une multitude de cultures et d’époques, souvent, mais pas toujours, dans des contextes sacrés et de quête de sens.
4) La Science et la Médecine Aujourd’hui : Une Renaissance Éclatante
Après des décennies de silence forcé, la recherche scientifique sur les psychédéliques et les enthéogènes connaît une renaissance spectaculaire. Au cas où tu ne le saurais pas, les résultats sont pour le moins… hallucinants ! Voici un aperçu des domaines où ces substances montrent un potentiel thérapeutique majeur, avec des essais cliniques en cours ou publiés dans le monde entier : Possibilité de retrouver un certains nombre de source en description, mais il y en à maintenant beaucoup trop !!!
– Dépression (y compris résistante) : La psilocybine, notamment, montre des effets antidépresseurs rapides et durables, souvent après seulement une ou deux sessions.– Exemple : Études du Centre for Psychedelic Research, Imperial College London ; Johns Hopkins Center for Psychedelic and Consciousness Research.
– Troubles anxieux en général et l’anxiété en soins palliatifs : Réduction significative de l’anxiété et de la détresse existentielle chez les patients en fin de vie.– Exemple : Études de NYU et Johns Hopkins sur la psilocybine chez des patients atteints de cancer.
– Trouble de Stress Post-Traumatique : La MDMA (souvent associée aux psychédéliques pour ses effets empathogènes) montre une efficacité remarquable en psychothérapie assistée. Aux États-Unis, où le nombre de suicides parmi les anciens soldats souffrant de traumatismes liés à la guerre dépasse celui des soldats tués au combat, la MDMA commence à être largement utilisée.
Exemple : Études sponsorisées par MAPS (Multidisciplinary Association for Psychedelic Studies).
– Addictions (alcool, tabac, opioïdes) : Des résultats très prometteurs pour aider au sevrage et prévenir les rechutes, notamment avec l’ayahuasca et l’iboga.– Exemple : Études sur la psilocybine pour l’addiction au tabac (Johns Hopkins) et à l’alcool (NYU).
– Troubles Obsessionnels Compulsifs (TOC).
– Troubles de l’Alimentation (anorexie mentale, boulimie).
– Douleur chronique et douleurs associées à des maladies graves.
– Troubles cognitifs (Alzheimer, déclin cognitif) : Des recherches exploratoires sont en cours.
Mais ce n’est pas tout !
Au-delà des apports dans grand nombre de pathologie, il est important de signaler que ces plantes et dérivées peuvent produire :
– Une amélioration de la résilience psychologique et du bien-être chez des personnes en bonne santé.
– Un accompagnement psycho-spirituel, des expériences mystiques et une meilleur croissance personnelle.
– La recherche fondamentale et les Études sur la neuroplasticité (capacité du cerveau à se réorganiser), se dirige aussi vers des améliorations de la cognition, de la créativité, et de l’expansion de la conscience. Ces outils offrent des fenêtres uniques sur le fonctionnement de notre esprit.
En France, le Dr Olivier Chambon, psychiatre et psychothérapeute, est un des pionniers qui a largement contribué à faire connaître ces approches à travers ses ouvrages et ses conférences, et il s’appuie sur une masse «énorme » de données scientifiques internationales. (je te laisse regarder ses vidéos ou lire ses ouvrages). Il est suivit maintenant par beaucoup d’autres chercheurs…
5) Les Risques de Dérives : Gardons l’OEil Ouvert et l’Esprit Critique
Alors oui, je suis, comme d’autres, investi dans des initiatives qui peuvent permettre la reconnaissance de ces psychédéliques et enthéogènes et la possibilité d’y avoir accès. C’est par exemple le travail que nous menons au sein de l’association Decriminalize Nature France. L’objectif est clair : sortir ces plantes de la case « drogues » où la loi les maintient de façon, disons-le, assez peu éclairée. Face aux risques minimes (si l’accès et correctement gérés) et aux apports potentiellement extraordinaires, il apparaît chaque jour plus évidents, que notre action est importante et notre combat en bonne voie. Mais attention, la victoire n’est pas la fin des défis ! De nombreux risques d’abus planent. Je vais te présenter maintenant 9 risques de dérives et d’abus possible… et tu vas vite comprendre que les risques et abus ne sont pas seulement où on les attends.
5.a) La dérive pharmacologique : L’appât du gain
Les géants pharmaceutiques lorgnent déjà sur ce gâteau. Leur stratégie ? Isoler une molécule, la breveter (comment breveter le vivant ? Mystère…), la synthétiser – perdant au passage la richesse et la synergie des multiples composés d’une plante (le fameux « effet entourage » ou l' »esprit de la plante » cher au chamanisme). Puis, la vendre à prix d’or, justifiant cela par des batteries de tests coûteux, et peut-être pour compenser ainsi la baisse inévitables des ventes d’antidépresseurs chroniques, si les personnes on accès à ces plantes.. Notre cri du cœur : laissez-nous un accès respectueux à ce que la Nature nous offre !
5.b) Le risque de la médicalisation à outrance : Le « hold-up » médical ?
Pourquoi confier l’exclusivité de ces expériences à la profession médicale ? Combien d’heures de formation sur les états modifiés de conscience ou l’accompagnement psycho-spirituel dans un cursus médical standard ? Zéro ! Des figures comme Olivier Chambon, Stanislav Grof, ou le Dr Jacques Mabit (fondateur du centre Takiwasi au Pérou) ont une expertise immense sur le sujet, mais elle est le fruit d’un cheminement personnel et d’une ouverture qui transcendent largement leur formation initiale. Si ces substances, utilisées avec sagesse, ne sont pas dangereuses, pourquoi cette exclusivité donnée aux médecins ? Je me souviens des kinésithérapeutes il y a vingt ans, revendiquant le monopole du mot « massage » face aux praticiens de bien-être ou d’autres médecines (ostéopathes, ayurvédiques, chinois…). Ne laissons pas la médecine s’approprier un domaine qui dépasse largement son champ de compétence premier. Le rôle d’un médecin est souvent de poser un diagnostic, rapidement. Il n’est pas dans sa fonction de faire régulièrement un accompagnement de dix heures dans les méandres de la psyché, en lien avec une expérience initiatique et mystique. C’est un autre métier, une autre fonction. Il faut surtout en plus de toutes les théories être un expert qui à vécu l’expérience un grand nombre de fois. Si je dois partir en haute montagne j’y vais avec un guide expérimenté, pas avec un cartographe, spécialiste de la région mentale sur google map.
Actuellement, un certain nombre de chercheurs et médecins s’essayent à réinventer péniblement des protocoles de « set and setting », alors que des traditions chamaniques les peaufinent depuis des millénaires. Pourquoi ne pas humblement apprendre de ces traditions, de ces personnes ?
5.c) Le risque de la pathologisation : Uniquement pour les « malades » ?
La recherche actuelle, financée par des fonds cherchant des applications thérapeutiques, se concentre logiquement sur les pathologies. C’est une excellente chose ! Mais pourquoi réserver ces potentiels de transformation aux seules personnes souffrantes ? Chacun devrait avoir le droit et la possibilité d’explorer ces dimensions de son être pour sa propre croissance personnelle, son épanouissement, sa spiritualité ! Les Mystères d’Éleusis, bien que terriblement impliquant et secret, comme certains rituel tantriques, étaient ouvert à tous, hommes et femmes, libres ou même esclaves. Cela ne voulais pas dire que c’était obligatoire et que tous avaient envie d’y participer. Mais la Grèce avait compris l’apport possible pour les individus qui le souhaitaient, et pour la civilisation dans son ensemble !
5.d) L’appropriation culturelle : Le pillage en blouse blanche ?
Les peuples premiers et les traditions chamaniques utilisent ces plantes dans des cadres initiatiques et culturels spécifiques depuis des temps immémoriaux. La science occidentale a longtemps méprisé ces savoirs, pour aujourd’hui parfois les « redécouvrir » en les dépouillant de leur âme, en en faisant des ersatz aseptisés. J’ai eu la chance de recevoir certains enseignements, et c’est avec l’accord de ces dispenseurs que je parle aujourd’hui, plein de gratitude. Stanislav Grof lui-même,
en introduction de son livre «La Voie du Psychonaute », remercie plus de cinquante professeurs et médecins, puis ajoute de manière plus générique « des maîtres tibétains, des yogis indiens, des chamans américains et mexicains, et bien d’autres », sans en nommer aucun individuellement. Un symptôme d’un déséquilibre persistant même chez un grand esprit auquel je suis reconnaissant ?
5.e) Les œillères matérialistes : L’esprit, cet oublié
L’être humain n’est pas qu’un corps et un psychisme quantifiable. Les plantes psychédéliques et enthéogènes ouvrent à une vision holistique, « holotropique » (tendant vers la totalité, selon Grof), incluant les dimensions existentielles, initiatiques et spirituelles.
Les études les plus récentes soulignent que l’intensité et la qualité de l’expérience avec ces plantes est très subjectives. Le fait que l’expérience soit de type mystique ou numineuse engendre des effets majeurs et des bénéfices à long terme. Cela dépasse le cadre purement matérialiste de la science conventionnelle et interpelle d’autres types d’experts : comme des chamans éclairés, des accompagnants post-matérialistes, des guides spirituels, … voire des artistes et des psychonautes expérimentés.
La «pleine conscience» récemment à été dépouillée de ces racines spirituels bouddhistes. C’est aujourd’hui un objet qui, grâce à ce dépouillement, à droit de cité dans les entreprises et les écoles, mais au pris du sacrifice de sa dimension transcendantale.
À ce sujet, je souhaite m’appuyer sur un petit texte de Jacqueline Kelen dans «La faim de l’Âme». Elle ne parle pas, ici, de plantes sacrées, mais du chemin de guérison de l’anorexie, mais j’y vois cependant beaucoup de parallèles :
« Soyons clairs, on ne peut pas demander à la biologie ni à la psychologie de régler les questions et les tourments liés à l’ontologie. … / … Et nous sommes ici dans le domaine de la métaphysique et de la spiritualité. Si donc il s’agit bien d’une souffrance liée à l’âme, les habituels soignants délégués pour cette maladie ne sont plus du tout concernés. Il convient alors de se tourner vers ceux qui ont l’expérience du monde spirituel, de la vie intérieure. Vers ceux qui en goûtent la beauté et la profondeur, et qui en connaissent aussi les blessures… Ces personnes n’appartiennent pas uniquement au domaine religieux, ce sont des artistes, des philosophes, des poètes… À travers les siècles et depuis que l’homme s’est mis à penser, ces personnes se sont interrogées sur l’âme, le monde, le mal, la mort, Dieu, la survie, l’éternité. Questions essentielles que l’on ne saurait étouffer sous des tranquillisants, …/… . Et de ces questions-là, qui peuvent rendre certains malades, on ne guérit pas, mais on vit, au plus noble sens du terme. C’est l’aventure même de la conscience humaine…
/… À ceux qui ont mal aux dents, on indique le dentiste. À ceux qui ont des problèmes de dos, on conseille le kinésithérapeute, le rhumatologue ou autre spécialiste. À ces adolescents qui souffrent de l’âme, je recommanderais vivement de se tourner vers les livres, les musiques, les peintures qui parlent du monde, de l’âme. Et je les inviterais à rencontrer des personnes qui en ont l’expérience, qui vivent dans sa lumière. …/…
/… …/ … Mais je suis bien consciente qu’une approche spirituelle sera dès l’abord suspectée et qu’on cherchera à l’évincer parce qu’elle renverse la dictature des psys et des endocrinologues réunis. La plupart des soignants ont intérêt à maintenir ce désespoir au niveau somatique. Ils conservent ainsi le monopole de l’âme sous couvert de psychisme et eux-mêmes se gardent à l’abri du tourment métaphysique, en assurant que tout relève de
mécanismes physiologiques et psychologiques. Mais la moindre des choses, c’est qu’on écoute vraiment… »
Au delà du scientisme et d’une certaine médecine matérialiste, cela me fait penser au travail de René Guénon qui prenait grand soin de séparé le psychique (lié à la personnalité de l’égo) du spirituel (lié au Soi, au transcendant), ce que Henri Corbin résume dans cette phrase : « la psychologie se préoccupe de ce qui vient de l’âme, la spiritualité de ce vers quoi l’âme s’élève ». Nous sommes bien dans une vision post-matériliste, cad, qui ne nie pas le matériel et la science qui va avec, mais va aussi plus loin).
5.f) Les dérives sectaires : La vigilance s’impose
La MIVILUDES (Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires) a un rôle à jouer. Oui, le risque de manipulation de personnes en état de fragilité ou de grande suggestibilité, sous l’effet de ces plantes est réel. Il faudra y être attentif. Mais qui est le mieux placé pour définir les garde-fous ? Les institutions religieuses établies, parfois elles-mêmes secouées par des scandales ? La médecine et les laboratoires pharmaceutiques avec leurs propres jeux de pouvoir et conflits d’intérêts ?
Une vigilance s’impose, évidement, mais dans un cadre défini par de véritables spécialistes de ces états de conscience élargis et de l’accompagnement, dans une vaste corporation au-delà des guerres de clochers, d’intérêt et d’appropriation.
5.g) Le risque de l’incompétence des accompagnants : L’ombre de la clandestinité
Le statut actuel de criminalisation, forçant à une certaine clandestinité, non seulement fait courir des risques sur la qualité et la pureté des produits, mais ne permet pas non plus de s’assurer de la qualité et de l’éthique des accompagnants. Puisqu’il n’existe pas d’ordre des chamans, comme il existe un ordre des médecins, on peut trouver aujourd’hui le meilleur comme le pire dans ceux qui se proclame chamans ou accompagnants, aidants, facilitateurs de l’expérience psychédélique. C’est dommageable, mais il existe des pistes que je vous proposerai ensuite.
5.h) Le problème de l’argent : Quand le profit s’en mêle
L’intérêt croissant des utilisateurs autour de ces substances, entraînant des enjeux financiers eux aussi en forte augmentation, attire son lot d’opportunistes. C’est vrai en France, et c’est vrai aussi aussi dans les pays d’où viennent ces plantes (Pérou, Brésil, Gabon, Mexique, Californie…). Nous voilà devant le risque d’un commerce sauvage, entre commerce parallèle et marketing mensongé, entre promesses illusoires et bonimenteurs incompétents… L’appât du gain peut corrompre les meilleures intentions.
5.i) Le « grand n’importe quoi » : Évitons les erreurs du passé
Les années 70 ont montré les limites d’une diffusion non encadrée : accès purement récréatif, surconsommation, mélanges hasardeux, conduites à risques en parallèle, opinion publique hostile et manipulée… Même Timothy Leary, figure de proue de cette époque, ne prônait pas une anarchie psychédélique mais un usage conscient et structuré. D’où l’importance cruciale de… (et on y vient enfin)
6) Les Pistes et Solutions : Vers un Cadre Responsable pour l’utilisation des Psychédéliques et enthéogènes en France
Je préférais parler de rencontre et d’initiations que de consommation et d’utilisation, mais cela étant dit : Au sein de Decriminalize Nature France, et aux côtés de nombreux autres acteurs, nous ne nous contentons pas d’espérer la décriminalisation que nous sentons inévitable et proche. Nous préparons activement la suite. Voici quelques-unes de nos pistes de travail actuelles :
– Un travail d’information générale éclairée et nuancée envers les utilisateurs potentiels, la société civile, les élus, les professionnels de santé, etc.
– La création de documents synthétisant les meilleures approches de Réduction Des Risques (RDR), basés sur des données scientifiques et des expériences de terrain nombreuses dans le monde.
– Une charte pour les utilisateurs, une sorte de guide du voyageur psychonaute, promouvant un usage responsable, sécurisé, informé et respectueux.
– L’optimisation du « set and setting », le contexte des prises, la ritualisation, … : pour aller au-delà du simple protocole clinique et pour intégrer la dimension rituelle et initiatique, voire mystique. Albert Hofmann et Aldous Huxley rêvaient d’un « Nouvel Éleusis », un cadre sacré et sécurisé pour ces expériences. Inspirons-nous-en et construisons ce «nouvel Éleusis »
– La création, inspirée par des initiatives internationales, d’une charte éthique rigoureuse pour les accompagnants (facilitateurs, thérapeutes, guides, néo-chamanes, etc.), quelle que soit leurs dénominations, leurs approches ou leurs obédiences.
– La préparation, pour le jour où cela sera autorisé et nécessaire, de la mise en place de formations sérieuses, complètes et reconnues pour les accompagnants, couvrant toutes les dimensions requises (ontologiques, psychologiques, spirituelles, éthiques, scientifiques…).
– Une coopération ouverte, humble et transdisciplinaire entre ceux qui ont aujourd’hui véritablement la connaissance et l’expérience (chamanes, psychonautes chevronnés, certains chercheurs …) avec la science, la médecine, la loi, la justice, la MIVILUDES, et tous les acteurs concernés. Le dialogue et la coopération sont les clés !
– Une information plus large de la société pour favoriser un changement de paradigme global sur ces questions, passant de la peur et de la diabolisation à une compréhension éclairée des potentiels et des précautions.
Voilà, un premier tour d’horizon. Le chemin est encore long, mais la direction est claire. Il s’agit de réintégrer avec sagesse et discernement des plantes, des substances, des outils, que l’humanité a toujours connus, pour le bien-être individuel, pour une meilleur relation à l’autre, à tous les autres, à la nature, au vivant, au sacré et, qui sait, peut-être pour une conscience collective un peu plus éveillée. Loin de rejeter les recherches actuelles, il me paraît important de travailler ensemble, et de ne pas laisser certains s’approprier ces trésors pour l’humanité. À nous de jouer pour que cette « renaissance psychédélique » soit une véritable avancée, partagée, disruptive, respectueuse, et non une occasion manquée.
Eric Marchal, le 28 mai 2025
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